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Le chemin de croix de la Nintendo 64

, par RYoGA

Autre console mythique de Nintendo, la Nintendo 64 est pourtant celle par laquelle Nintendo va descendre du piedestal sur lequel était placée la société. De nombreuses erreurs stratégiques, la création de son propre menesis et des retards incroyables auront minimisé l’impact de cette console qui n’a pourtant pas démérité au niveau software. Elle réinventa les genres, propulsa des séries vers une nouvelle dimension qui allait marquer toute l’industrie. Retour sur les débuts chaotiques de cette incroyable machine.

Le successeur de la Super Nintendo

Nintendo entreprend dès 1990 de créer une console avec un lecteur CD. La société travaille sur des prototypes avec Sony mais abandonne le projet à cause de différents. Sony recycle le projet et annonce le développement de la Playstation dès 1991, qui prend son envol petit à petit jusqu’à sa sortie japonaise fin 1994.

Mais ça le joueur lambda n’en a rien à faire, il joue tranquillement sur Super Nintendo ou sur Megadrive !

Nintendo quant à lui s’allie avec la société américaine Silicon Graphics (responsable des effets spéciaux sur Terminator 2 ou Jurassic Park) pour développer une machine beaucoup plus puissante. Elle aura pour nom de code « Project Reality » et Nintendo l’annonce en août 1993. Donkey Kong Country sorti fin 1994 sur Super Nintendo est la première démonstration de jeux avec des graphismes impressionnants.

Je me souviens avoir découpé l’image de ce vaisseau spatial et l’avoir collé sur un de mes cahiers d’école de sciences !

En 1994 le nom Ultra 64 est retenu et le support cartouche, contre toute attente, conservé. Annoncée pour sortir en avril 1995, la console accuse du retard. Elle est présentée pour la première fois fin novembre 1995 au Shoshinkai Software Exhibition (qui deviendra le Nintendo Spaceworld deux ans plus tard).

Super Mario 64, fini à 50%, y est présenté jouable et impressionne. Ce n’est pas le cas de Kirby Bowl, jouable lui-aussi, qui sera abandonné (et sortira huit ans plus tard remodelé en Kirby Air Ride !). On peut voir les premières vidéos de Zelda, MarioKart, Starwing 2 ou encore Wave Race. La sortie japon est prévue pour avril 1996.

En mai 1996 la console est présentée aux Etats-Unis. Elle prend officiellement le nom de Nintendo 64 et son design final sera le même dans tous les pays. Les jeux prennent leurs titres définitifs : Super Mario 64, Mariokart 64, Pilotwings 64, Starfox 64, Wave Race 64, Star Wars : Shadows of the Empire, Buggy Boogie (annulé). Zelda 64 n’a pas encore son aspect définitif. La console sort finalment le 23 juin au Japon et le 30 septembre aux Etats-Unis. Nintendo écoule tous ses stocks et un problème de taille arrive : une fois Super Mario 64 sorti sur les deux continents, Pilotwings 64 au Japon et Star Wars aux Etats-Unis, plus rien ne sort sur la machine. Les jeux sont loins d’être prêts. Les joueurs ont tout le temps de se tourner vers la Playstation.

La perte d’un allié de poids

Avec son choix de conserver le support cartouche pour éviter les temps de chargement et surtout le piratage, Nintendo s’est fermé la porte à beaucoup de développeurs qui voyaient dans le CD un support d’avenir. C’est le cas de Squaresoft, développeur de la mythique série Final Fantasy dont tous les épisodes étaient alors sortis sur NES et SNES.

Squaresoft avait pourtant mis en chantier un moteur 3D pour un jeu FF sur la console 64 bits de Nintendo. Ce visuel reprend les personnages de FF6 en 3D :

Mais devant les difficultés à réaliser leur jeu en 3D et l’impossibilité de développer des musiques de qualité satisfaisante, la société a préféré passer un accord avec Sony. C’est ainsi que Final Fantasy VII commença son développement sur la future Playstation.

La Playstation prend le relai

En France, la Super Nintendo se fait d’un coup vieillisante avec la sortie de la Playstation. Même si des hits comme Donkey Kong Country 2 ou Yoshi’s Island tiennent la dragée haute aux productions de Sony (certes fun mais peu profondes), nous sommes en train de changer d’ère.

La Playstation devient la console des nouvelles générations. Toutes les stars du show-bizz défilent pour vanter la 32 bits de Sony, son lecteur CD audio et ses jeux en 3D moche. Il est très facile de pirater les jeux en gravant tout simplement les jeux sur des cd vierges. Tout le monde ne possède pas encore un graveur sur son ordinateur et de véritables marchés parallèles se développent. Le succès de la machine vient aussi de là. Battle Arena Toshinden est le premier jeu de combat à sortir avec la console en septembre 1995. Il sert de vitrine technologique et on le retrouve, avec Ridge Racer, dans toutes les émissions de variété à la télé. Je me souviens que la console était alors un lot du "Juste Prix" !

Pour l’Europe, Nintendo a annoncé l’Ultra 64, dont la sortie est prévue dans un premier temps fin 1996 et Super Mario 64 a l’air juste phénoménal : il n’y a qu’à voir les previews fleuves dans les magazines. Secret of Evermore est mon dernier jeu Super Nintendo, au cours de l’été 1996.

La Playstation fait rapidement fureur chez les copains. Pour moi il est hors de question d’investir, elle est trop chère. J’essaye chez des amis Resident Evil (enfoiré de chien !), Ridge Racer, Wipe Out, Destruction Derby, Crash Bandicoot et Tomb Raider ! Je vais pour acheter la Playstation en mai 1996, alors que sort Ridge Racer Revolution. Je suis dans le magasin avec le budget mais je change d’avis. Je préfère attendre la prochaine console de Nintendo avec ses nouveaux Mario, Mariokart et Starfox...

L’attente interminable

La console est repoussée à mars 1997. C’est une période un peu pénible au cours de laquelle je vais vendre un maximum de choses et jeter pas mal de magazines (mes pauvres Nintendo Player !) Nintendo joue avec nos nerfs en sortant dans les magazines des publicités qui vont faire date :

Ironie du sort, la Nintendo 64 ne va pas sortir en mars. Ou plutôt si, mais dans toute l’Europe, sauf la France ! Un problème de stocks ? Un problème de fréquence avec le signal couleur codé en SECAM propre à la France ? On ne le saura jamais vraiment.

La console sort en France en septembre 1997 au prix fort bas de 990 francs. Il fallait bien réagir pour contrer la toute-puissance de la Playstation qui sort alors les suites de ses hits comme Crash Bandicoot 2, Tomb Raider 2, Resident Evil 2, Wipe Out 2097, Destruction Derby 2 et Cool Boarders 2, ou de nouvelles licences fortes comme Oddworld : L’Odyssée d’Abe, PaRappa the Rapper. Sans parler de megahits comme Castlevania : Symphony of the Night ou Final Fantasy VII !

Nintendo propose Turok, ISS 64, Super Mario 64, Super Mario Kart, Lylat Wars, Goldeneye 007 et Diddy Kong Racing pour la fin 1997.

La grosse attente de la 64 sera la sortie de Zelda fin 1998. Tout au long de l’année Nintendo diffuse des screenshots du jeu et fait monter la pression avec des bandes-annonces. L’une d’entre elle sera sur une VHS dont j’ai rembobiné une vingtaine de fois l’extrait de Zelda situé à 30 minutes :


Et le coup de grâce fut les pubs télé du jeu à la fin de l’année :


Un an après sa sortie en France, je prenais la console et Super Mario 64 en occaz, Zelda Ocarina of time devant sortir un mois après !

La Nintendo se vendra bien au cours de sa carrière, régulièrement propulsée par des jeux mythiques qui sortiront soit des usines de Nintendo, soit de celles de RareWare. Mais les chiffres seront loins de ceux de Sony avec sa Playstation. La guerre est perdue pour cette génération et dans le language courant on ne dira plus "une Nintendo" pour désigner une console de jeu, mais bien "une Playstation" !

La suite de l’article, où l’on parle des jeux de la Nintendo 64 !

2 commentaires

  • #
    29 mai 2013  02:27

    De beaux souvenirs tout ça, mais qui me paraissent lointain.

    J’avais eu une Playstation au Noel précédent, en lieu et place d’une Saturn, mais le prix des jeux était encore trop élevé pour ma bourse, et la machine vivotait au fil des emprunts de jeux.

    La 64 arrivera chez moi quelques mois plus tard, après moult essais de la console chez un membre de mon entourage qui avait craqué pour une console allemande. J’étais assez séduit , surtout par Wave Race et Turok, et la sortie de la console correspondant a mon tout premier salaire d’apprenti a l’époque fut un morceau de choix, surtout que le prix demandé n’était pas "trop" méchant , 990 Frcs.

    A partir de là, la machine est devenue une "régulière", même si le prix des jeux me stoppait rudement.

    De sacrées heures sur ISS 64, le choc frontal Psone vs 64 avec FF7 et Goldeneye possédés en même temps (j’ai pas dormi lourd), le craquage visuel devant Yoshi’s Story (une œuvre d’art) , les bombes au gout "Ram Pack" avec Perfect Dark et Rogue Squadron, les délires avec la frangine sur Mario Golf 64.

    De bons moments vraiment, souvent espacés il est vrai, mais aussi le plaisir d’avoir une machine fiable, contrairement a la Playstation et ses pannes de lecteur (de 96 a 2001, je changerais quatre fois de console...)

    Bref, une bonne machine, dotée souvent des jeux les plus longs et riches de sa génération, malgré un support cartouche tant décrié.

  • #
    30 mai 2013  18:21

    Changer quatre fois de console je ne pourrais pas. La DS m’a lâché au bout de trois ans : je l’avais mauvaise !